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Tribune : La Guinée, le pays des paradoxes (Par Babila KEITA)

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La Guinée, le pays des paradoxes ! Un pays où on aspire tous au bonheur, mais où nous ne sommes pas prêts à emprunter les chemins qui mènent au bonheur. Un pays où on parle de démocratie, de l’Etat de droit, du respect des libertés fondamentales, de l’égalité, de la transparence et de la bonne gouvernance sans agir véritablement pour ces valeurs auxquelles nous aspirons. Un pays où le travail, la justice et la solidarité sont enseignés depuis plus de 60 ans, sans que la valeur de ces mots ne reflète réellement pas les faits de notre société.

Travail, Justice Solidarité. Ce sont ces trois mots qui constituent la devise de notre République. Ils sont censés refléter notre manière commune de penser, de sentir et d’agir. Autrement dit, que chaque Guinéen, en plus de son sentiment patriotique, pense d’abord au travail. Le travail pour nourrir et se nourrir pour sauvegarder sa dignité. La dignité sans laquelle nous ne saurions pas être un peuple indépendant.

En second lieu, nous avons choisi la justice. La justice pour réguler notre société, afin que chaque citoyen puisse se sentir en sécurité. Que chacun puisse mériter de manière juste ce qui lui revient de droit.

Et enfin, nous avons choisi la solidarité. Cela pour que nous ayons les uns envers les autres, une aide mutuelle quand le besoin se fait sentir. En clair, pour qu’on puisse partager ensemble nos bonheurs et nos malheurs.

Malheureusement, à chaque étape de l’évolution de notre société, on se rend compte que l’enseignement de cette devise, n’a été qu’un enseignement de mots et non des valeurs, ou qu’on se fiche carrément des vertus qui sont enseignées par ces mots.

On parle de « Travail » alors que ça ne travaille presque pas dans le pays. Les motivations vers le travail, disparaissent de jour en jour. Les formations devant aboutir au travail ou permettre aux enfants du pays d’avoir du travail, ne sont presque pas enseignées ou non adaptées aux besoins d’emplois. Le pays compte plus de demandeurs que de donneurs, plus de mendiants que d’argent, plus de délinquants que de fabricants.

Malgré tout, il y en a aussi parmi les enfants du pays, qui ont choisi le chemin de la facilité. Ils estiment qu’il y a une alternative au travail pour gagner sa vie. Ce sont eux qui sont devenus des crieurs publics derrière nos Présidents, ministres et directeurs généraux, pour faire leurs éloges et leurs louanges pour avoir des miettes à mettre dans la poche.

Il y en a d’autres qui sont devenus des insulteurs publics. Leur industrie s’appelle Facebook et la matière première n’est autre que le mensonge, le dénie et le rejet de l’autre. Il suffit de leur confier des grossièretés et filer quelques billets de banque ou avoir des choses contre leurs parrains hauts placés, pour qu’ils montent à cheval pour s’attaquer aux bonnes gens. La pratique devient de plus en plus fréquente du fait de la malhonnêteté et de la fainéantise.

On parle de « Justice », tandis que l’impunité et l’injustice règnent en maîtres-mots. Les justiciers ont préféré la félicité des autorités à la confiance des justiciables.

Pendant ce temps, les autorités au niveau exécutif, prennent possession du droit. Elles décident d’envoyer en prison qui elles veulent, comme elles veulent et quand elles veulent. Au même moment, les nantis continuent de se payer la tête des magistrats pour les faire prendre des décisions à leur guise sur le dos des populations, en faisant taire le droit.

D’ailleurs, comment compter sur une justice où chacun lit différemment les lois écrites dans les mêmes termes et dans la même langue, avec un ministre qui fait feu de tout bois dans l’absolutisme ?

On parle de Solidarité. Eh oui, la solidarité dans un pays où les gens préfèrent la cupidité à l’honnêteté. Un pays où chacun se réjouit du malheur de son prochain. Un pays où nul ne s’empêche de dormir pendant que son voisin est en larmes. Un pays où le deuil ne fait pas taire les mouvements de réjouissance. Ainsi, le rejet de l’autre est devenu la règle du jeu. Désormais, nous vivons chacun dans son chacun et tout pour moi rien pour les autres.

Il suffit de sortir de chez vous le matin et de rentrer le soir pour faire le bilan de votre journée. C’est pourquoi, il nous revient nous les jeunes, la lourde responsabilité de revenir et faire revenir nos concitoyens, aux valeurs cardinales de notre société et aux fondamentaux d’un État responsable, pour travailler et aider à travailler. Être juste envers soi et envers les autres et tenir la main de son prochain quand il en a besoin. Bref, soyons des citoyens modèles pour faire de notre Guinée, un pays modèle.
Comprendra, celui qui veut comprendre.

Mamoudou Babila KEITA, Journaliste.


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