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« Faire » de la visibilité et « être » visible : Quelle différence?

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Tendu(e) face à certains sujets qui nous préoccupent ou nous interpellent avec passion et interêt ? Je souhaite humblement relever le défi d'une nouvelle collaboration avec le groupe GuinéeBuzz Média, en partageant avec vous mes opinions, mes conseils et retours d'expériences sous une forme capsule de nature «Coaching by Tendou».

Hier, une personne m'a fait une affirmation autour du concept de "visibilité" et du fait que lorsqu'on fait du "bon travail", on n'a pas besoin de "faire de la visibilité". C'est à dire que le travail, lorsqu’il est bien fait et utile, se vend par lui-meme.

La semaine d'avant, je conseillais une personne sur son choix de thème autour de " l’identité visuelle personnelle" pour une action dans notre écosystème entrepreneurial. Je trouvais que parler de ce concept "à la mode" était plus prématuré qu'autre chose, car beaucoup d'entrepreneurs dans nos pays ont du mal à déjà asseoir et pratiquer le concept simple de faire du marketing pour une utilisation optimale de leur image de marque, alors comment aller au palier supérieur? Surtout pour la gente féminine qui peine à élever ses voix, ses priorités pour une plus grande inclusion économique et sociale.

Il m'importe donc de parler ici brièvement de cette question de visibilité, d’identité visuelle, d'image de marque, des femmes et des entreprises ou organisations qu'elles dirigent.

Quelque soit le nombre d’années d’expérience de la personne ou d'existence de l'entreprise, il apparait clairement que, dans nos pays, les femmes occupent moins la sphère d'information publique y compris les nouveaux espaces numériques.

Je parle souvent de l'importance pour les femmes de prendre la parole publiquement  et de  "mettre en avant" leurs positions, points de vue ou analyses, ainsi que leurs individualités à travers leurs parcours de reussites et d’échecs. Je parle ici des femmes entrepreneurs, cheffes d’entreprises ou porteuses d’initiatives. Mais cela peut s’appliquer à toute femme dirigeante à la tête d’une structure ou avec un rôle ou une responsabilité qui interpelle son leadership.

Il s'agit ici de "contenu" et de "message". On ne cherche pas à être visible juste pour la visibilité mais parce qu'on a un contenu et un message qu'on veut partager.  Et aussi et surtout, parce qu’on a un objectif et résultat ou impact à atteindre.

Souvent, il y a une confusion ou un amalgame qui est fait entre les objectifs et les résultats qu’on cherche à atteindre quand on déploie une action de communication publique ou de marketing. On peut ainsi faire de la visibilité pour ses produits ou services ou son entreprise, sans forcément être visible en tant que dirigeant. Ce choix est personnel ou organisationnel selon l’objectif que l’on se fixe au départ.

En principe, on fait de la communication ou du marketing pour avoir un impact à travers la visibilité de ses produits/services, de l’image de marque de son entreprise ou de son image de marque individuelle.

Car on projette que lorsqu'on atteint l'objectif, l'impact devrait suivre: augmentation de clients, de commandes, ou de nouveaux partenariats qui se dessinent à l’horizon avec différentes opportunités de financements...

Certes nos écosystèmes montrent bien que dans le secteur informel, il n’y a pas de marketing digital ou autres stratégies “visibles” selon ces mêmes critères. Mais, attention, le principe du bouche à oreille est le même. On parle du produit et du service et on parle aussi de la personne ou des personnes derrière l’entreprise qui vend le produit ou les services.

Le capital confiance que porte les potentiels clients auprès des acteurs économiques dans le système informel est d’ailleurs très important dans l’équation. Mais les temps ont changé.

Et les acteurs locaux font face à une concurence de taille dans tous les secteurs, et souvent face à des entreprises étrangères qui ont de gros budgets de marketing et de commercialisation.

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Pour l'image de marque individuelle (du dirigeant ou de la dirigeante d'entreprise), il est important de choisir à plus d'un titre comment mettre en avant l' "humain", pour avoir les mêmes retombées comme dans l'exemple cité plus haut. Car, pour faire émerger les "histoires" des hommes et/ou des femmes derrière une organisation ou une marque, il faut prendre la parole publiquement, ou donner la parole dans l’espace public.

C'est ce qu'on appelle un peu plus couramment de nos jours, le "storytelling": C'est à dire présenter la vision de la personne, son profil et parcours et son leadership à travers son action entrepreneuriale, et mettre cela en avant comme lorsqu’on raconte une histoire. 
Le lien doit toujours être fait entre l’individu, sa vision et son entreprise ou sa mission en organisation.

Deux éléments reviennent ici comme incontournables dans le storytelling: Il faut un contenu et un message .

Promouvoir donc l'apprentissage de la prise de parole publique, la formation en utilisation d'outils de communication adaptés à notre écosystème devient essentiel. Encore plus pour les femmes.

Dans un entretien récent, j’ai partagé mon constat sur le fait qu’il était difficile pour moi dans mes actions de “storytelling” d’attirer certains de nos champions locaux car ceux-ci pour une grande part sont occupés à développer leurs entreprises et n’ont pas souvent le temps de participer à des conférences ou d’aller parler dans les médias. Et pourtant, leurs histoires de réussites et d’échecs au sein de nos écosystèmes sont les plus adaptées pour inspirer nos générations montantes d’entrepreneurs.

Madame Mariam Tendou Kamara

Expert en communication d'influence


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