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Disparition des salles de cinéma en Guinée « une catastrophe nationale...» selon M. Thug

Jadis en Guinée, les salles de cinéma qui étaient fréquentées par les amoureux du 7ème art, aujourd’hui, elles sont transformées en magasins et boutiques par quelques individus.  Un acte qui ne laisse pas indifférent les nostalgiques de ces lieux  de loisir. Pour dénoncer cela, ils se sont exprimés au micro de 224infos.org ce jeudi 19 avril 2018.

Parmi ces nostalgiques, figure cet employé d’une société de diffusion d’image, Safif Barry.

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Pour lui, la disparition des salles de cinéma en Guinée est regrettable.

« Dans les autres pays on a des salles de cinéma et que chez nous, depuis la disparition des salles de cinéma de Nino et de Rogbane, jusqu’à présent on n’a aucune salle de projection cinématographique même dans la capitale. Ce n’est pas parce qu’il y a eu l’avancée technologique que les gens ne vont pas en cinéma. Si vous constatez, aujourd’hui  les gens vont dans les vidéos club pour regarder les matchs de football. Il y a aussi des personnes qui sont intéressées par le cinéma. La salle de Canal Olympia, il y a des gens qui partent là-bas pour suivre le film», a-t-il déploré.

La fermeture ou la disparition des salles de cinéma n’est sans conséquence dans la société, comme le dit Salif Barry :

« la disparition des salles de cinéma a un impact considérable, parce que s’il y a des salles de cinéma, les jeunes n’allaient pas être aussi oisifs pour se lancer dans les fléaux comme la drogue, la prostitution et autres. Si vous voyez beaucoup de travers sociaux, c'est parce qu’il n’y a pas de salle de cinéma. Si les productions cinématographiques étaient adaptées à nos réalités, ça pourrait être instructif. Elles amèneraient les gens à réfléchir à une manière de vivre, de penser. Ça allait faire ressortir les tares de la société guinéenne par rapport à la dépravation des mœurs. Cela serait bon pour la jeunesse guinéenne», dit-il.

Concernant la réouverture de ces lieux de loisir, il a fait savoir que s’il faut lancer un appel aux dirigeants, on doit le lancer aux investisseurs, parce que des privés aussi peuvent faire des salles de cinéma et que ça fonctionne.  Ils peuvent faire des salles polyvalentes de cinéma, de conférence et de spectacle. Quand ils le font ça peut leur rapporter.

Quant à Mamadou Thug, artiste comédien, voir ces salles fermées est une catastrophe pour notre pays, parce que cela ne permet pas les réalisateurs et les acteurs de cinéma de s’épanouir.

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« Donc c’est une catastrophe nationale le fait qu’un pays soit sans salle de cinéma. C’est une façon de barrer l’industrie cinématographique. Je suis désolé et j’en accuse l’Etat guinéen. La disparition des salles de cinéma est très négative pour le 7ème art, parce que ça ne permet pas aux artistes de s’épanouir… Quand on prend l’étape de la production cinématographique, les artistes ont besoin de diffuser leurs films dans les salles, mais aujourd’hui ça n’y existe pas chez nous»

Contrairement au premier intervenant, pour ce comédien l’avancée technologique en est l’une des causes de la fermeture ou la disparition des salles de cinéma en Guinée « Tout ce qui a un peu saboter notre cinéma, c’est l’internet. Avant l’arrivée de l’internet, il y avait les salles de cinéma. Même actuellement dans les pays où on parle du 7ème art, à peu près il est un peu démodé. Avec l’arrivée de You Tube, les gens passent plus de temps avec leur téléphone que de partir dans les salles de cinéma. Donc on a le cinéma en main. Et chacun crée sa chaine You Tube à fin de percevoir de l’argent»

Si les plages se sont rouvertes à travers l’appui du gouverneur de la ville de Conakry, Mamadou Thug demande la même chose pour les salles de diffusion cinématographique, parce que  « les salles de cinéma étaient des bons endroits de rencontre, de dialogue entre les gens…Aujourd’hui, il est important de les restaurer, de les réaménager et les rouvrir comme ce qu’on a fait pour les plages… Je trouve utile et nécessaire la réouverture des salles de cinéma en Guinée».

Abou Bakr Bangoura

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