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Devoir de Mémoire : Thomas Sankara, héros visionnaire

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L’Afrique commémore le 31ème anniversaire de l’assassinat du Capitaine Thomas Sankara ce 15 Octobre 2018. Occasion idoine d’initier notre chronique devoir de mémoire en vue de rendre hommage à tous ceux qui sont tombés dans le combat pour l’avènement d’une société démocratique en Afrique tout en etant soucieux du bien être du peuple.

L’homme et l’œuvre

Sankara est né le 21 décembre 1949 dans ce qui s’appelait alors la Haute-Volta, une colonie française qui obtiendra son indépendance en 1960. Il a éte assassiné lors d’un coup d’Etat le 15 octobre 1987. Il reste une figure du panafricanisme et du tiers-mondisme. Réputé pour sa probité.

« Oser l’inventer l’avenir » était son slogan.

Pour expliquer que la libération, la réussite, le développement passent par l’affirmation de soi, par le travail, la volonté de sortir d’une situation qui aliène, porter le poids du monde sur ses épaules pour reprendre cette expression de Sartre.

« Compter sur ses propres forces » pour ébranler le système néocolonial. Le pré carré français est l’expression de cette appartenance à une sphère donnée qui impose ses choix.

Thomas Sankara est, après Nelson Mandela, le héros le plus plébiscité par la jeunesse africaine. Il n’y a pas que la jeunesse. Les graphistes, les vidéastes, les bédéistes, les musiciens n’ont d’yeux que pour l’homme du 4 août 1983. De Fela à Alpha Blondy ; toutes les grandes voix du continent l’ont célébré. Et les historiens ne sont pas en reste. Une nouvelle biographie intitulée Sankara: a revolutionary life and legacy in West Africa (Indiana University Press, 2016.

« La révolution estimait-il n’aura de valeur que si, en regardant derrière à côté et devant, nous pouvons dire que les Burkinabés sont, grâce à elle, un peu plus heureux. Parce qu’ils ont de l’eau saine à boire, parce qu’ils ont une alimentation abondante, suffisante, parce qu’ils ont une santé resplendissante, parce qu’ils ont l’éducation, parce qu’ils ont des logements décents, parce qu’ils sont mieux vêtus, parce qu’ils ont droit aux loisirs ; parce qu’ils ont l’occasion de jouir de plus de liberté, de plus de démocratie, de plus de dignité. (...) La révolution, c’est le bonheur. Sans le bonheur, nous ne pouvons pas parler de succès. » C’est ainsi qu’il, définissait le sens de son action.

Son Engagement

« Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple ».

Ces propos consacrent l’entrée fulgurante de Thomas Sankara sur la scène politique nationale burkinabé. Il était alors Secrétaire d’Etat à l’information du Comité militaire de redressement pour le Progrès national (CMRPN) institué par le colonel Saye Zerbo le 25 novembre 1980. Il démissionna en avril 1982.

Le 7 novembre 1982, un groupe d’officiers rassemblés au sein d’un Conseil de Salut du Peuple renversa le pouvoir. Sankara fut nommé Premier ministre. Mais très tôt, la cohabitation avec le président Jean-Baptiste Ouédraogo se révéla difficile. Lors d’un conseil de ministre, il exhorta à appeler un chat un chat pour montrer son attachement à la vérité, son refus de se soumettre au régime des généraux et colonels ayant des liens étroits avec la France. Alors Guy Penne, Conseiller aux affaires africaines du président François Mitterrand, arriva à Ouagadougou le 16 mai 1982, et le 17 mai Thomas Sankara est arrêté.

Le 4 août 1983, Thomas Sankara fait partie de l’équipe de jeunes officiers qui renversa le cours de l’histoire et réveilla un peuple qui n’attendait que la manne extérieure pour survivre.

Le Burkina avait essayé différents types de régimes politiques : présidentialiste, parlementaire, militaire. Le pays était sorti exsangue de toutes ces recettes appliquées par des militaires et une élite formée à l’école de la colonisation, avec un taux de scolarité de 16,51% au début des années 80, le plus bas d’Afrique, un taux de population lettrée de 11,4%, une couverture sanitaire de un médecin pour 48000 habitants et 5600 lits d’hôpital pour 7 millions d’habitants. La production agricole ne permettait pas de se nourrir. L’ensemble des récoltes produites en 1981 n’était que de 1.224.000 tonnes. *Thomas Sankara ne veut pas se soumettre au maître passé pour être le chantre des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Il proclame une voie originale : une révolution qui n’est pas made in URSS, in CUBA, in Chine… Il refusait de faire le choix entre deux camps comme l’imposait la règle du moment : le capitalisme ou le communisme. Un choix difficile imposé aux pays en voie de développement qui proclamait un neutralisme après la conférence de Bandoeng.

Sankara croyait fermement qu’un peuple peut construire lui-même et de ses propres mains les fondements matériels de son avenir.

Son discours contre la Dette au sommet de l’Organisation de l’Unité africaine, sa visite à Harlem aux Etats Unis, son intention de commémorer l’anniversaire de Che Guevara… sont autant d’actions qui montrent un homme engagé. A l’ONU, il est le premier chef d’Etat africain à demander que

« les structures des Nations Unies soient repensées et que soit mis fin à ce scandale que constitue le droit de veto ».

// Avec afrik-inform.com


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