Baccalauréat session 2022 : le SNE fait son bilan
Le syndicat national de l’éducation, après analyse, croisement et recoupement des informations remontées par sa base via un système de monitoring, fait un constat plus ou moins reluisant de la passation des épreuves de l'examen du Baccalauréat Unique, session 2022. Il note avec satisfaction la correction de certains dysfonctionnements constatés lors de la passation des épreuves des deux précédents examens (CEE et BEPC)
■ Du point de vue des avancées obtenues, nous pouvons citer :
1- La conscientisation des candidats sur la nécessité de compter sur leurs propres efforts.
2- L’application stricte des sanctions pénales contre les fraudeurs.
3- L’augmentation légère de la prime de surveillance.
4- La communication du budget des examens nationaux
5- La gestion coordonnées des informations sur la remontée et la communication sur les dysfonctionnements rencontrés sur le terrain.
6- L’acheminement à temps des épreuves dans les centres et des plis dans les DCE/ DPE.
7- Des efforts de limitation sensible des velléités de fuite de sujets
8- Une volonté affichée de lutte contre la fraude.
9- La sécurisation des sujets avec deux Enveloppes ayant des QR CODE.
10- La médiatisation des cas avérés de fraudes pour dissuader d’éventuels fraudeurs.
Malgré ces avancées majeures, des dysfonctionnements graves ont été constatés et sont de nature à remettre en cause la crédibilité, la transparence et la moralisation du processus d'organisation de l'examen du Baccalauréat dans certaines partie du pays.
Ces dysfonctionnements sont entre autres :
1 ● La réactualisation et la vulgarisation tardives des règlements généraux des examens nationaux.
2 ● La méconnaissance du contenu du code de bonne conduite par les élèves, les parents d'élèves et les enseignants alors que leurs droits et devoirs y sont consignés.
3 ● L’absence de manuel de procédure dans les écoles permettant aux chefs d’établissement de savoir leurs rôles et responsabilités.
4 ● L’affairisme dans le choix des surveillants et l'inexpérience de certains délégués dans la gestion des situations conflictuelles.
5 ● La mauvaise qualité des stickers.
6 ● Les feuilles d'examen trouvées sur le terrain sont différentes de celles présentées en amont comme spécimens.
7 ● Les stickers n'ont pas été collés sur le PV mais c'est la feuille qui a été pliée sur le bout de laquelle le sticker a été mis et agrafé. Ce qui rend le PV transparent sur le verso de la feuille.
8- Les délégués étaient rarement présents à 5h 30 mn devant les escadrons de gendarmerie et les commissariats de police pour prendre les sujets. Les gendarmes et policiers étaient obligés eux-mêmes de les déposer dans les DCE/ DPE.
9 ● La prestation de serment sur la Bible et le Coran a été un coup d'épée dans l'eau au regard de l'étendue des cas de fraude et de d'élimination massive de surveillants.
10 ● Des fautes dans les sujets et des sujets fortement politisés
11 ● Les fraudes classiques: de substitution de surveillants , de candidats , de copies , cotisations des candidats en soutien aux surveillants et délégués et les comités de rédaction ont ravi la vedette à l'utilisation des téléphones et des groupes WhatsApp.
12 ● La militarisation des centres d’examen. Des gendarmes et policiers postés à l’intérieur des centres d'examens et certains étaient impliqués dans les fouilles des candidats au portail, à la rentrée de la salle voire même à l'intérieur de la salle. Cette présence des hommes en tenue crée plus de psychose que de bien-être psychosocial chez les candidats.
13 ● Recrutement d'un groupe de jeunes dénommé " Les gardiens du mérite " qui traumatisent , insultent et mettent fraude sur les copies des candidats sans consulter les surveillants , chefs de centres , délégués et superviseurs. Un observateur d’un processus qui joue le rôle d’un acteur.
14 ● Manque criard de matériels et consommables dans les centres d'examen. Certains chefs de centre mettaient la main dans la poche pour payer les colles, les emballages, les paires de ciseaux et les agrafeuses. Cette ligne budgétaire aura servi à quoi ?
15 ● Absence de photos sur les cartes de certains candidats. Ce qui favorise les cas de substitution de candidats. .
16 ● Nombre élevé de candidats absents dans les centres. Effectif total de candidats difficilement maîtrisable.
17 ● Insuffisance de sujets dans certaines enveloppes. Ce qui avait retardé le lancement du sujet de mathématiques dans certains centres le troisième jour du bac notamment à l'école primaire de Dabompa
en série sciences mathématiques. Avec le regroupement des centres, il manquait 80 sujets. L'épreuve fut tardivement lancée aux environs de 11h et les copies ont été ramassées à 14h pour 3h et non 4h. C'était le même constat à l'école primaire de lansanayah et dans plusieurs autres centres du pays.
18 ● La violation des droits humains notamment les droits à l'image des enseignants et élèves humiliés et emprisonnés et des atteintes à la pudeur sur la foi des faits présumés d'attouchements sexuels sur certaines candidates.
19 ● Des sujets traités conformes aux sujets donnés sans modification de la moindre virgule ont été saisis sur certains candidats 10 à 15 minutes après le lancement des épreuves.
20 ● La crise de confiance entre les surveillants, délégués , superviseurs et les gardiens du mérite qui se croient supérieurs aux premiers
21 ● La mise en place d'un mini- secrétariat pour contrôler l'effectivité de la succession des PV dans les lots avant correction . Alors qu'officiellement le secrétariat n’existe pas et n’a pas été budgétisé. D’où provient le budget alloué à ce mini- secrétariat officieux ?
22 ● La hausse du budget des examens nationaux qui , en 2020 avec secrétariat et un effectif de 503. 748 candidats s'élevait à 40 milliards de francs guinéens , en 2021, avec secrétariat et un effectif de 496. 395 candidats , s'élevait à 33 milliards de francs guinéens.
Paradoxalement en 2022 , sans secrétariat et avec un effectif de 540. 105 candidats , s'élève à 45 milliards.
À noter que les 80 milliards dont on chante souvent était le budget de 2017 avec un effectif de 426. 272 candidats.
À l'époque le Ministre feu K² avait dépensé 49 milliards et retourné 31 milliards qui avaient servi à la rénovation de certaines écoles et à l'achat de véhicules pour certains responsables du Ministère.
23 ● Le regroupement tardif des centres d'examens.
Les besoins exprimés par les structures déconcentrées ne sont pas totalement pris en compte par le département.
NB : Un rapport final sur les trois examens portant sur les avancées, les dysfonctionnements et les recommandations est en cours de rédaction. Toutes les données techniques et les preuves se retrouveront dans ce rapport.
Kadiatou Barry pour 224infos