Un an jour pour jour après la disparition du journaliste Habib Marouane Camara, le mystère demeure entier et le silence des autorités continue de nourrir inquiétudes et spéculations. Enlevé le 3 décembre 2024 alors qu’il se rendait à Lambanyi, selon sa famille, le reporter n’a jamais réapparu. Aucune piste officielle, aucune réaction publique, aucun élément d’enquête communiqué : l’opacité totale qui entoure ce dossier fragilise davantage un secteur médiatique déjà éprouvé.

Ce 3 décembre 2025, l’épouse du journaliste, Mariama Lamarana Diallo, entourée de responsables du média Lerevelateur224 et du Syndicat de la Presse Guinéenne (SPPG), a porté de nouveau la voix des proches lors d’une conférence de presse.Plus que l’expression d’une douleur familiale, cette prise de parole sonne comme un appel solennel à l’État.

La jeune femme, visiblement éprouvée, rappelle que depuis douze mois elle vit dans l’inconnu :

« Un an après, je ne sais toujours pas où se trouve Habib Marouane. Je ne sais pas qui l’a enlevé ni dans quelles conditions il est détenu. Est-il vivant ? Est-il mort ? Je n’ai aucune réponse. »

Elle souligne également l’état de santé fragile de son mari au moment de sa disparition, ce qui rend son silence encore plus insupportable.Pour elle, la priorité aujourd’hui est claire :

« Je sollicite simplement une implication sincère des autorités pour retrouver mon mari. »

Du côté professionnel, ses collaborateurs partagent le même désarroi. Alpha Madiou Bah, directeur de publication de Lerevelateur224, déplore l’absence totale d’évolution dans le dossier :

« Il n’y a aucune avancée pour sa famille, ni biologique ni professionnelle. Ses enfants et son épouse vivent dans une peur permanente, et nous-mêmes, ses collègues, sommes dans l’incompréhension. »

Le Syndicat de la Presse Guinéenne va plus loin et dénonce un blocage systématique lorsqu’il tente de s’informer auprès des autorités. Selon son secrétaire général, Sékou Jamal Pendessa :

« Chaque fois que nous posons des questions sur Marouane, les portes se ferment. On ne nous rappelle plus, on ne répond plus aux messages. Nous n’avons aucune information. Et aujourd’hui, l’espoir s’amenuise. Où est-il ? Qui le détient ? Est-il encore en vie ? »

Pour le SPPG, cette disparition non élucidée dépasse désormais le cadre individuel : elle pose la question de la capacité de l’État à protéger ses citoyens, à garantir la liberté de la presse et à lutter contre l’impunité.

Pendessa rappelle que la première responsabilité revient aux autorités publiques :

« C’est à l’État de rétablir l’espoir. La seule manière d’y parvenir est de ramener Marouane et d’engager des poursuites contre les auteurs de ce crime. »

Un an après, la disparition de Habib Marouane Camara reste une plaie ouverte. Une affaire qui, faute de transparence et de réponse, questionne autant qu’elle inquiète.

Kogno Célestin Sagno pour 224infos.