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Déclaration du Réseau des Journalistes pour l’Education guinéenne sur les résultats des examens nationaux session 2022

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A l’instar de l’année dernière, le Réseau des Journalistes pour l’Education Guinéenne (REJEGUI), a observé le déroulement du processus des examens nationaux session 2022 avec intérêt.

En effet, nous l’avons fait, du début du processus jusqu’à la proclamation des différents résultats. Comme tout un chacun, nous trouvons que ces résultats font peur à toute personne consciente. Car les pourcentages sont scandaleux et poussent aux interrogations à tous les niveaux.

Pour rappel, au Certificat de Fin d’Etudes élémentaires sur 231.490 candidats dont 108.096 filles ayant composé, seulement 41.108 dont 19.201 filles ont eu, soit un taux de réussite de 17,76%. Des chiffres contraires à l’année dernière où un taux de réussite de 62,08%, a été enregistré.

Au Brevet d’Études du Premier Cycle sur 153.993 candidats dont 67.951 filles, c’est 23.210 dont 10. 323 filles soit 15,07%. C’est un fiasco sans précédent, avec un recul de plus de 100% par rapport à l’année dernière, avec 35,08% sur toute l’étendue du territoire national.

Au Baccalauréat, c’est la même catastrophe. Contrairement à l’année passée avec un taux de réussite de 25,36%, cette année, ils étaient au total 102.601 candidats dont 40. 579 et 11.410 candidats libres. Et sont déclarés admis, 8.731 dont 2.361 filles, soit 9,37% de réussite sur toute l’étendue du territoire national guinéen.

Alors, comme tout Guinéen conscient des enjeux qu’un système éducatif représente pour une Nation, le Réseau des Journalistes pour l’Éducation guinéenne (REJEGUI) se préoccupe par cette situation qui va de mal en pis. Mais, vu le visage hideux que présente notre système éducatif depuis des décennies, caractérisé par la démission collective de l’ensemble des acteurs ,des apprenants aux décideurs en passant par les parents d’élèves sans négliger la part des enseignants, nous sommes convaincus que ces résultats reflètent le niveau intrinsèque actuel de l’école guinéenne.

Sachant qu’on ne peut jamais faire des omelettes sans casser des œufs, nous avons entièrement salué les réformes engagées par le ministre de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation, Guillaume Hawing, entre autres :

Internement des Inspecteurs disciplinaires pour la haute sécurisation des sujets;

La permutation à la dernière minute des chefs de centres d’examen, notamment au baccalauréat, chose qui a limité la fraude par endroits;

la prestation de serment de certains acteurs impliqués dans le processus du déroulement de ces examens;

l’augmentation d’un montant de 100.000 GNF sur les primes de tous les surveillants;

-l’introduction d’une nouvelle feuille d’examen;

-la suppression du secrétariat de report manuel des anonymats sur les copies des candidats après les épreuves des différents examens;

-le déploiement des jeunes, appelés Gardiens du mérite, chose qui a également dissuadé certaines velléités dans des centres d’examen.

Il faut reconnaître que ce dispositif mis en place, a tant bien que mal, moralisé le mécanisme, de facto, a dévoilé le vrai visage de l’école guinéenne. C’est dans cette logique que beaucoup de candidats, « incompétents » ont démissionné. Au total:12, à en croire le département en charge de l’Education, 688 téléphones saisis, 175 enseignants éliminés, d’autres mis à la disposition de la justice, 35 cas de substitution démantelés et 364 candidats pris en flagrant délit.

En revanche, le Réseau des Journalistes pour l’Éducation Guinéenne a constaté avec amertume beaucoup de défaillances dans le processus, entre autres : certains sujets étaient mal reformulés, notamment à l’examen de fin d’Etudes élémentaires et au Brevet d’Études du Premier Cycle, BEPC. Cette mauvaise situation a négativement influencé le résultat de certains candidats. En plus, beaucoup de surveillants prenaient plus de 30 minutes pour recopier les sujets du BEPC au tableau, certains les recopiaient très mal, d’ailleurs. Pourtant, les autorités pouvaient banalement multiplier ces sujets en fonction du nombre des candidats

Le pire est que beaucoup de candidats avaient composé avec des cartes sans photos, une situation qui facilitait la substitution et encourageait la fraude. Plus loin, on constatait deux candidats avec un seul PV sous l’œil passif des délégués des centres d’examen, qui se contentaient de demander aux candidats se retrouvant dans ces cas de figures leur filiation. Par ailleurs, nous avons estimé que le ministère a créé une dépense insensée en utilisant des cahiers de 200 pages à la place de 100 pages habituellement utilisés sans aucune plainte. Cette dépense inutile pouvait photocopier ne serait-ce que les sujets de Mathématiques, Physique, Chimie et Biologie au BEPC.

Après vérification, des sources concordantes nous confirment que, les correcteurs des différents examens nationaux de cette année n’ont pas été sélectionnés suite à une Inspection au préalable pour se rassurer qu’ils sont en situation de classe, comme ce fut l’année dernière. Après que la pathologie de notre système éducatif soit découverte, nous exhortons le Ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation à trouver le vrai antidote.

Il faut :

-construire des infrastructures scolaires qui répondent aux contraintes actuelles;

-recruter suffisamment des enseignants de qualité qui seront déployés sur toute l’étendue du territoire national;

-renforcer la capacité pédagogique et académique des enseignants en situation de classe;

-digitaliser le fichier scolaire pour permettre au ministère de contrôler le mouvement de tous les élèves sur toute l’étendue du territoire guinéen;

revoir la situation des écoles privées, fermer celles qui ne répondent pas aux normes, subventionner celles qui sont en règles, histoire d’encourager les promoteurs et aider les personnels qui s’y trouvent;

-revoir les programmes d’enseignement, complètement obsolètes afin de les réadapter aux contraintes actuelles;

-revoir également les textes qui régissent le fonctionnement des examens nationaux en Republique de Guinée;

décentraliser le déroulement des examens nationaux, notamment le baccalauréat, c’est-à-dire que des correcteurs et les copies des candidats ne quittent plus Yomou ou Gaoual pour atterrir à Conakry;

-publier les résultats dix(10) jours au plus, après le déroulement de la dernière épreuve pour écourter le stress des candidats et leurs parents;

-accorder éventuellement une seconde chance à certains candidats qui ont ne serait-ce que 09/20 de moyenne au baccalauréat à l’image de certains pays;

-annuler la politique de vieillissement scolaire qui consiste à empêcher quelqu’un qui a échoué deux fois de refaire un examen;

-inspecter régulièrement et sincèrement tous les enseignants en situation de classe;

-choisir les acteurs du déroulement des examens sur la base du mérite, surtout les correcteurs, cerveau du processus;

-rétablir la confiance entre les acteurs du système éducatif afin qu’on ait plus besoin d’interner des cadres dans un hôpital pendant des semaines pour éviter des fuites de sujets. Cette politique est budgétivore pour les contribuables guinéens.

Enfin, le REJEGUI, Réseau des Journalistes pour l’Education guinéenne réaffirme son soutien aux efforts des autorités éducatives guinéennes à tous les niveaux pour la qualification de notre système éducatif. Nous exhortons par ailleurs, tous les acteurs engagés dans ce secteur d’être plus regardants vis-à-vis de notre éducation, gage de l’avenir de notre jeunesse et celui de la nation toute entière. Comme dirait l’autre, «Après le pain, l’Education est le premier besoin d’un peuple».

Le Réseau des Journalistes pour l’Éducation Guinéenne (REJEGUI).

Le Président

Mamadou Diongassy BAH


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