Guinée : Cellou Dalein Diallo dénonce l’instrumentalisation de la justice après la condamnation d’Amadou Damaro Camara
La condamnation de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, à quatre ans de prison ferme par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) continue de susciter des réactions dans le paysage politique guinéen. Cette décision, rendue au terme d’un procès marathon débuté en février 2022, est perçue par certains comme une manœuvre visant à affaiblir les opposants politiques.
Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) et ancien Premier ministre, s’est exprimé avec virulence sur le sujet lors d’un entretien accordé à Global Africa Telesud vendredi 6 décembre 2024. Selon lui, la justice guinéenne est loin d’être indépendante et est devenue un instrument de répression politique.
« Une justice caporalisée et instrumentalisée »
Dans son intervention, Cellou Dalein Diallo a dénoncé ce qu’il qualifie de dérive autoritaire de la junte au pouvoir.
« La justice est instrumentalisée, elle est caporalisée. Elle est carrément utilisée aujourd’hui pour intimider et neutraliser des acteurs politiques susceptibles de participer ou de gagner des élections. C’est évident ! », a-t-il affirmé, pointant du doigt l’incarcération de plusieurs figures politiques de l’ancien régime, notamment l’ex-Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana.
Il a également déploré le non-respect des principes fondamentaux de l’État de droit, notamment la présomption d’innocence et le droit à une défense équitable.
« Kassory Fofana et son groupe sont détenus depuis des mois sans bénéficier de leurs droits les plus élémentaires. C’est regrettable de constater que la junte, qui avait promis de faire du droit et de la justice la boussole de son action, s’en éloigne autant. Aujourd’hui, la justice est devenue un outil pour neutraliser les opposants », a ajouté l’opposant en exil.
Un verdict controversé
Pour rappel, Amadou Damaro Camara, tout comme plusieurs hauts dignitaires du régime Alpha Condé, est poursuivi pour des accusations de détournement de deniers publics, corruption et blanchiment de capitaux. Ces anciens responsables croupissent actuellement en prison à Conakry, dans des conditions critiquées par leurs partisans.
La CRIEF, créée pour lutter contre les infractions économiques et financières, a prononcé son verdict dans ce dossier emblématique. Cependant, de nombreux observateurs estiment que les procès intentés contre ces anciens responsables manquent de transparence et sont motivés par des considérations politiques.
La crédibilité de la justice en question
Cette affaire relance le débat sur l’indépendance de la justice guinéenne, régulièrement accusée de servir les intérêts du pouvoir en place.
Pour Cellou Dalein Diallo, cette situation jette le discrédit sur les engagements pris par les autorités de transition.
« Tout est suspect aujourd’hui. Les Guinéens ressentent au quotidien que la justice est aux ordres. Elle est loin d’être indépendante », a-t-il conclu avec amertume.
Alors que la transition guinéenne est censée préparer le pays à des élections inclusives et crédibles, ces condamnations divisent davantage la classe politique et suscitent des interrogations sur l’avenir de la démocratie en Guinée.
Facely Sanoh pour 224infos