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Crise éducative: Boubacar Sylla « Il est utopique de payer les enseignants à 8 millions de francs guinéens ».

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La crise qui secoue l'école guinéenne continue toujours de susciter des réactions chez les acteurs de la société civile guinéenne. C'est le cas de Boubacar Sylla. Le président du forum civil citoyen se dit optimiste pour l'amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants, mais il estime que le montant proposé comme salaire de base pour les enseignants par le SLECG, est difficile à être pris en compte par l'Etat.

Dans un entretien accordé à la rédaction du 224infos.org, le président du forum civil citoyen s'est d'abord prononcé sur le comportement des élèves en colère qui, depuis plusieurs semaines battent le pavé en chassant dans plusieurs établissements, les contractuels dépêchés par l'État en lieu et place de leurs professeurs titulaires.

Boubacar Sylla parle d'une jeunesse en débandade

« Ce n’est pas à un élève de chasser un maître à l'école. Même si on trouve une issue à cette crise, il y aura certains de ces contractuels qui vont revenir à l'école. Donc pour moi ce que les élèves font actuellement est anormale. Ils veulent étudier ? Ils trouvent que ce maître n'est pas à la hauteur ? Ils n’ont qu'à quitter tout doucement, aller rester à la maison jusqu'à la fin de la crise. Mais cela ne doit pas amener les élèves dans la rue en caillassant les véhicules de leurs parents, brûler même des pneus. Pour moi c'est anormale »,a fustigé cet acteur de la société civile.

C'est un fait qui ne saute aux yeux de personne en Guinée. Car en bras de fer avec le syndicat des enseignants depuis près d'un mois, l'État veut miser désormais sur les contractuels au détriment des titulaires dans les établissements publics.

Une attitude qui devrait même précipiter le départ de l'actuel ministre guinéen de l'éducation selon Boubacar Sylla

« Moi j'avais dit que le ministre là devait même démissionner. On ne peut pas avec l'effectif total des enseignants que nous avons en Guinée, il ne peut pas les remplacer par des contractuels. L’État n'a  pas ces moyens logistiques, n'a pas ces ressources actuellement pour mettre en toute urgence tous ces contractuels dans les 33 préfectures et les 5 communes de Conakry. Et en prenant plus de 300 et quelques sous-préfectures et combien d'écoles par sous-préfectures ? Donc ce n’est pas possible », a-t-il laissé entendre.

Le syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), dans sa revendication, demande 8 millions de francs guinéens comme salaire de base pour chaque enseignante et enseignant.

L’Etat est-il prédisposé aujourd'hui à mobiliser cette somme pour tous les enseignants du pays ?

Bien qu'il soit favorable pour l'amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants guinéens, Boubacar Sylla estime que c'est impossible.

Il justifie sa position par la situation socio-économique que traverse le pays

« Ce n’est pas possible pour l'État de payer tous les enseignants guinéens à 8 millions, il faut qu'ils comprennent cela. L'Etat n'est pas un fabricant d'argent. C'est nous les contribuables qui vont continuer aussi à payer les frais de ces 8 millions. Donc il faut que ça soit dans un cadre budgétaire accepté, et que les dispositions budgétaires là soient identifiées clairement », a précisé le président du forum civil citoyen.

Pour pouvoir donc sortir de cette crise selon cet activiste de la société civile, la solution doit résider dans le sens du rapprochement du syndicat et l'État. Ce, en privilégiant toujours le dialogue.

Mais en attendant, les élèves vont continuer à payer les frais car entre le gouvernement et le SLECG, les lignes n'ont toujours pas bougé.

Yamoussa Cheick Camara pour 224infos.org


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