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Tiken Jah Fakoly : « la place des militaires est dans les casernes »

TIKEN-JAH-FAKOLY

‘’Braquage de pouvoir’’ est le onzième album international de Tiken Jah Fakoly. Pour la promotion de ce disque, le reggae man ivoirien multiplie des interviews dans les médias. En novembre dernier, il s’est exprimé chez nos confrères de Pan-african-music. Au cours de cet entretien, il a parlé du recul de la démocratie en Afrique et le retour des coups.

Au micro de nos confrères, Tiken Jah Fakoly  est revenu d’abord sur le choix du titre « Braquage de pouvoir ».

Selon ses dires :

« Le titre je l’ai pris comme emblème de l’album parce que le braquage est d’actualité. Tout le monde sait que le pouvoir a été braqué au Togo, au Gabon, qu’il vient de l’être au Tchad avec une soixantaine de morts, et il est en cours de braquage en Guinée Equatoriale, au Cameroun… c’est un sujet d’actualité.», a-t-il expliqué.

Puis d’ajouter :

« Le combat pour la démocratie, la liberté de choisir son candidat, la liberté même de penser a été menée dans les années 90 par nos parents qui pensaient que cette prise de pouvoir par le peuple devait être quelque chose de positif. Et même si beaucoup d’entre nous pensent que la démocratie occidentale n’est pas forcément adaptée, le côté positif c’est qu’elle nous donne la parole, nous donne la possibilité de choisir nos dirigeants, de nous rassembler. Or aujourd’hui cette démocratie elle est combattue, c’est comme si les gens qui sont morts pour elle dans les années 90 étaient morts pour rien, et vous verrez que les dirigeants qui piétinent la démocratie aujourd’hui sont des dirigeants qui sont arrivés là grâce à la démocratie, sinon ils ne seraient pas là. Donc ce titre « Braquage de pouvoir » c’était pour dénoncer ça, et attirer l’attention de la jeunesse africaine pour dire qu’ils sont en train de nous proposer le népotisme et même, la « famille-cratie », à la place de la démocratie… Et il faut faire attention, pour ne pas que la « famille-cratie » prenne le dessus sur la démocratie.», a-t-il déploré.

Parlant des coups d’Etat en Afrique, le ‘’descendant de Fakoly’’ a laissé entendre que :

« C’est un recul, car on pensait que les coups d’Etat c’était fini, mais s’il y a eu ces coups c’est aussi parce que ceux qui ont été élus ont piétiné la démocratie, et c’est ce qui fait qu’il y a des coups d’Etat, que nous ne soutenons pas, car la place des militaires est dans les casernes. Mais la réalité est là, au Mali Ibrahim Boubacar Keita a été élu (en 2013, et renversé en 2020, NDLR), mais c’est son fils qui dirigeait le pays finalement avec toutes les conneries qui vont avec, en Guinée Alpha Condé a été élu (en 2010, et renversé en 2021), lui qui se faisait appeler le Mandela de Guinée est venu piétiner la démocratie. Donc ça a été un peu un rappel à l’ordre dans tous ces pays, mais le cas du Mali c’est aussi un exemple d’incapacité à gérer la situation de guerre : quand il y a des jeunes qui meurent au front et qu’il n’y a aucune victoire, ça pousse les gens à faire des choses. »

Poursuivant, dira Tiken Jah Fakoly :

« Pour moi ce sont des situations de réparation et ce que je souhaite, c’est que ces militaires organisent des élections rapidement, qu’ils repartent dans les casernes, que les civils reviennent au pouvoir et que les institutions soient en place, qu’elle soient respectées, et même si la démocratie occidentale nous a été imposée difficilement, on peut en garder les acquis : la liberté d’expression, le multipartisme, la liberté de choisir, mais on doit trouver une démocratie qui va avec notre manière de faire les choses, en gardant le squelette de la démocratie, qui est le principe du pouvoir du peuple par le peuple.», a-t-il recommandé.

Aboubacar BANGOURA pour 224infos


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